Flaubert aurait affirmé : « Madame Bovary, c’est moi. » Vraiment ? Rien n’est moins sûr, puisque la fameuse citation n’apparaît nulle part dans ses notes ou sa correspondance… En revanche, il y a une phrase qu’il a bien écrite, à Louise Collet : « J’ai été moi-même, dans Saint Antoine, le saint Antoine. »

Œuvre méconnue du grand public, La Tentation de saint Antoine est pourtant l’œuvre d’une vie, à laquelle Flaubert consacre 30 années de travail et de réflexion. S’il écrit Madame Bovary, c’est d’abord pour se défaire du lyrisme excessif de la Tentation par une bonne cure de réalisme. Œuvre de l’ombre donc, elle donne vie à saint Antoine dans son ermitage dans le désert et aux visions qui l’assaillent successivement, au fil de ses lectures de la Bible. De la reine de Saba au diable en passant par des chimères, tout un cortège se déploie devant les yeux hallucinés d’Antoine et du lecteur, pour une expérience aux antipodes du réalisme flaubertien, marquée par une imagination débridée et empreinte de mysticisme.

Autour de Gisèle Séginger, qui a préfacé l’édition de La Tentation de saint Antoine, ce podcast propose de faire découvrir, ou redécouvrir, un texte qui met en avant une facette méconnue de l’écriture de Flaubert, mais aussi un réseau d’images qui ne cesseront de l’obséder toute sa vie, une œuvre atypique et cependant fondamentale.

La Tentation de saint Antoine, GF n° 1628, paru le 17 février 2021, 8 €, 108 x 178 mm, 384 pages, ISBN : 9782081515147.

Cet épisode a été enregistré à la Librairie Delamain, à Paris.

Merci à toute l’équipe pour leur accueil enthousiaste. Nous espérons que, même à travers le simple son, le décor et l’ambiance de cette librairie d’exception sauront rendre cet épisode encore meilleur.