Le livre
C’est écrit dans la Bible : Moïse est un Hébreu, recueilli par une princesse égyptienne. Il deviendra, sur ordre du dieu des Hébreux, le premier législateur du peuple juif. Freud bouleverse ce roman historique, en émettant deux hypothèses radicales : Moïse n’est pas un Hébreu mais le fils d’un noble égyptien – un étranger, donc ; le dieu juif est né de la fusion de deux figures divines, le dieu unique du pharaon égyptien Akhenaton et le cruel dieu des volcans d’un peuple sémite voisin. En cela, Freud s’en prend aux fondements mêmes de la conscience de soi du peuple juif, qui plus est dans le contexte tragique du triomphe du nazisme.
Dernier livre de Freud, le Moïse (1939) a longtemps été considéré comme un ouvrage non psychanalytique, alors qu’il est une pièce essentielle de sa doctrine. Il y parachève son approche critique de la religion, commencée avec Totem et tabou et L’Avenir d’une illusion. Il y formule, en outre, une théorie générale de la croyance. Enfin, en proposant une lecture psychanalytique de l’histoire et de la religion, il autorise la psychanalyse à outrepasser les limites de l’âme individuelle.
L’Homme Moïse et la religion monothéiste, GF n°1612, paru le 11 septembre 2019, 8,50 €, 110 x 177 mm, 288 pages, ISBN : 9782081482029
Entretien avec Dorian Astor et Pierre Pellegrin
Philosophe et germaniste, Dorian Astor est également biographe de Lou-André Salomé et Frédéric Nietzsche sur lequel il a publié de nombreux ouvrages de référence. Il a par ailleurs traduit de nombreux textes de Sigmund Freud dont L’Homme-Moïse, GF 2020.
Pierre Pellegrin est philosophe. Chercheur émérite au CNRS et spécialiste d’Aristote, il a dirigé la publication de ses Œuvres complètes (Flammarion, 2014). Il a par ailleurs préfacé les œuvres de Freud, pour la GF, dont L’Homme-Moïse en 2020.